Il est l'œil de Séville et l'un des directeurs sportifs les plus convoités d'Europe: Monchi, qui a bâti une équipe trois fois sacrée consécutivement en Europa League, veut maintenant figurer "parmi les huit meilleurs" en Ligue des champions, explique-t-il dans un entretien avec l'AFP.
De son vrai nom Ramon Rodriguez Verdejo, le dirigeant évoque volontiers les secrets de la réussite du club andalou et analyse le "palier supplémentaire" qui reste à franchi pour briller dans l'épreuve-reine européenne avant Séville-Leicester ce mercredi soir en 8e de finale aller.
Après trois sacres en Europa League (2014, 2015, 2016), le FC Séville peut-il voir plus haut avec la Ligue des champions ?
Il y a un goût d'inachevé parce que ces dernières années, nous n'avons jamais réussi à atteindre les quarts de finale dans cette compétition (éliminations en 8es en 2008 et 2010, NDLR). Nous avons un enthousiasme énorme et l'ambition d'obtenir cette qualification tant désirée parmi les huit meilleures équipes d'Europe. Ce serait un palier supplémentaire pour la croissance du club, pour notre image de marque, pour la confiance dans notre projet.
Le départ de l'entraîneur Unai Emery au Paris SG l'été dernier a-t-il perturbé ce projet ?
J'ai vécu l'été le plus difficile de ma carrière, notamment pour des raisons personnelles, mais aussi parce qu'il y a eu un brusque changement d'entraîneur alors que nous avions commencé à planifier la saison. Il y a eu un nouvel entraîneur (Jorge Sampaoli, NDLR), une nouvelle planification. C'était un défi pour la direction sportive mais je crois que nous avons bien réagi.
En Liga, vous êtes aux prises toute l'année avec le Real Madrid, Barcelone, l'Atletico Madrid... Est-il plus abordable de viser la Ligue des champions, selon vous ?
A priori, les équipes en Espagne qui ne sont pas parmi les grosses écuries gagnent plus facilement des titres dans des compétitions éliminatoires qu'en Championnat. La Ligue des champions est très, très difficile mais peut-être que gagner la Liga est au moins aussi difficile, même si c'est une compétition de moindre envergure.
Leicester, votre adversaire en huitièmes, brille en C1 mais peine en Championnat d'Angleterre cette saison. Comment analysez-vous cela ?
C'est surprenant, parce que je crois que leur effectif est très bon. Leur place actuelle en Championnat (17e) ne reflète pas la qualité de l'équipe et de leur encadrement technique.
Comment expliquez-vous que les riches clubs anglais peinent sur la scène européenne ?
Je n'ai pas de leçon à donner mais j'ai vécu un temps à Londres pour apprendre comment travaillaient les clubs anglais. (...) Au niveau sportif, ils travaillent bien, la majorité des clubs a une bonne cellule de recrutement. Mais à mon humble avis, dans un second temps, le lien ne se fait pas. C'est-à-dire l'utilisation de l'information récoltée pour prendre des décisions.
A l'inverse, comment expliquer l'actuelle domination des clubs espagnols en Europe ?
Nous faisons bien les choses. En Espagne, après une traversée du désert, le contrôle économique imposé par la Ligue et la régulation des capacités d'investissement des clubs ont conduit à faire davantage d'efforts au moment d'investir. Nous avons travaillé davantage pour améliorer notre cellule de recrutement, notre encadrement technique. Le gaspillage d'hier, c'est fini. Cela a permis d'avoir de meilleures équipes et de meilleurs résultats.
A Séville, ces derniers mois, vous avez davantage recruté des grands noms à relancer que des jeunes pousses méconnues. Est-ce un virage durable ?
Nous travaillons sur les deux fronts. Le niveau d'exigence du club ne cesse d'augmenter et nous n'avons plus le temps comme auparavant. Donc nous cherchons des joueurs méconnus qui selon nous peuvent briller, mais aussi des joueurs au rendement immédiat. Par exemple, nous pensions que si (Samir) Nasri retrouvait un environnement à son goût, il n'aurait pas oublié son football. Nous avons essayé de faire en sorte que la personne se sente bien pour que le footballeur réapparaisse.
Pourquoi recruter autant de joueurs français ou issus de la Ligue 1 ?
C'est un football où on travaille bien la formation, où le profil physique est bon. Ajoutons à cela que c'est un marché qui n'est pas excessivement cher et que nous avons déjà beaucoup de Français au club, ce qui facilite l'adaptation.
Finalement, quel bilan tirez-vous de votre long mandat comme directeur sportif à Séville depuis 2000 ?
Le club a changé sur le plan sportif mais aussi fonctionnel. C'est devenu plus une entreprise qu'un club de football. Sportivement, nous avons obtenu des succès auxquels nous n'aurions jamais osé rêver, mais je crois que la croissance du FC Séville n'a pas été fulgurante, elle s'est bâtie sur de bonnes bases. Cela s'est fait peu à peu, et quand les choses allaient un peu moins bien, cela nous a évité de nous effondrer.
AFP
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