C’est un Makhète Diop très relax en ce dimanche matin que nous avons trouvé chez lui à Rufisque en compagnie de sa famille et ses amis. En vacances au Sénégal depuis quelques jours, l’ancien attaquant de Yakaar, de la sélection locale et actuel sociétaire d’Al-Ahli Dubaï évoque dans cet entretien son parcours et, surtout, dit sa détermination à intégrer la sélection nationale du Sénégal.
Qui est Makhète Diop ?
Je suis né à Colobane, un quartier de Rufisque et j’ai grandi dans un autre quartier Darou Rahmane. J’ai débuté à l’équipe de football de Mengo. Après j’ai joué les Navétanes à l’ASC Colobane pour une année avant d’atterrir à l’ASC Diamaguène. Après, j’ai joué en équipe nationale et puis j’ai voyagé pour l’Arabie saoudite. Par la suite, j’ai fait le Liban, la Syrie et Dubaï.
Quelle appréciation faites-vous de votre saison à Al-Ahli auréolée d’un titre en Ligue asiatique des champions ?
Je suis satisfait de ma saison. J’avais débuté le championnat avec Al Dhafra et en milieu de saison, Al-Ahli, alors tenant du titre, m’a recruté. Et j’ai totalisé 33 buts toutes compétitions confondues dont 20 en championnat. On a remporté la Coupe nationale mais on a terminé 3ème place en championnat. Actuellement, on est engagé en Ligue d’Asie des champions. J’ai été élu deux fois «homme du match». J’ai été deux fois meilleur joueur. Une fois à Dubaï et une autre fois en Arabie saoudite. Je suis vraiment satisfait de ma saison. C’est un challenge réussi et à chaque fois les supporters du club me félicitent pour ces distinctions individuelles. Je suis aussi content d’avoir découvert la Ligue des champions avec Al-Ahli. J’ai marqué 6 buts dans cette compétition.
Vous partagez le même club avec Asamoah Gyan. Quels sont vos rapports ?
Je le suivais à la télé. Et aujourd’hui Dieu a fait que nous partageons la même équipe. On se parle beaucoup. Chaque fois, il me conseille. J’ai découvert un homme humble avec beaucoup de potentialités. Et il a fait un bon parcours. Partout où il est passé, il a été déterminant. C’est parce que son potentiel lui a permis d’arriver à ce statut de grand joueur reconnu par tous. Le dernier conseil qu’il m’a prodigué, c’est de continuer les entraînements et de ne pas m’inquiéter. Car il connaît très bien l’équipe nationale du Sénégal qui, d’après lui, a besoin d’un finisseur qu’il voit en moi. Il me dit que ce n’est pas parce que nous partageons le même club mais parce qu’il est persuadé que le Sénégal est une très bonne équipe qui manque de finisseur.
Aujourd’hui, pensez-vous pouvoir faire l’affaire sur le front de l’attaque des Lions ?
Ma philosophie, c’est de toujours travailler pour satisfaire mes parents, amis et voisins. J’ai mon challenge personnel car tout joueur rêve de venir en équipe nationale. Je ne me focalise pas trop sur l’équipe nationale, actuellement. Parce qu’un joueur ne doit pas demander à être sélectionné. Comme le dit Cristiano Ronaldo, les statistiques ne mentent jamais. Ce n’est pas cette année, seulement. Combien de fois on a fait des sélections. Si on pouvait me sélectionner une seule fois pour me tester au moins, je suis preneur. Vraiment, cela ne va rien gâcher. Peut-être que Dieu a décidé que je ne dois pas jouer en sélection. Je me concentre actuellement sur ma carrière. Tout joueur veut porter, ne serait-ce qu’une seule fois, le maillot national. Mais cela ne me hante pas. Venir en équipe nationale pour montrer mes qualités, c’est un rêve de gamin. Pour faire plaisir à la famille, aux amis et proches. mais avec le temps, l’espoir diminue petit à petit.
Votre non-sélection en équipe nationale n’est-elle pas liée au fait que vous évoluez en Asie ?
Le championnat local est-il plus relevé que celui de Dubaï ? Et pourtant, on sélectionne les locaux. On ne peut pas caricaturer un championnat professionnel, celui de Dubaï, où les joueurs sont payés à coups de millions. Pour juger un championnat, il faut au moins être sur le terrain. Tout le monde sait qu’actuellement, le football n’a pas de pays ni de frontière. Parce que, s’il appartenait à un pays, on aurait gagné depuis longtemps la Coupe d’Afrique. Cela veut dire que le football n’appartient à aucune nation.
Allez-vous continuer l’aventure avec Al-Ahli ?
Je ne manque pas de contacts. Que ce soit en Europe ou en Chine. Mais mon équipe ne voulait pas me laisser partir. Al-Ahli n’a rien à envier à celles d’Europe en termes d’infrastructures. Des clubs comme le Real Madrid et autres vont s’entraîner dans les installations d’Al-Ahli qui est un grand club. Al-Ahli n’a rien à leur envier dans ce domaine. Et les joueurs ne se plaignent pas. Le niveau est relevé et parfois des joueurs de grande envergure peinent à y faire leur trou. C’est le cas de Quaresma à Al-Ahli. Les choses n’ont pas marché pour lui mais en ce moment, il est en train de s’éclater en Europe. Pour dire que je ne suis pas d’accord que l’on dise que le championnat qatari n’a pas de niveau sans être venu assister aux matchs et aux entraînements.
Votre coéquipier le Ghanéen Asamoah Gyan est régulièrement convoqué en sélection contrairement à vous…
Je suis le meilleur buteur de notre équipe, alors que j’y ai trouvé Asamoah à la mi-saison. L’essentiel pour moi, c’est de battre mes statistiques. Et dieu m’a aidé à les battre. C’est une source de motivation pour moi. Et j’avance aussi. Je continue à travailler. Je ne me focalise pas vraiment sur cela mais, pour dire vrai, je veux vraiment venir en sélection. Mais cela ne me hante pas. Je suis en droite ligne avec l’éducation qui m’a été inculquée par mon père qui ne cesse de me dire que dans la vie, il faut se faire des challenges. Et dieu merci, je suis sur la bonne voie. Je crois mériter au moins une sélection ne serait-ce pour que l’on me voie à l’œuvre. Les joueurs vont et viennent en sélection selon leur état de forme du moment. D’un autre côté, un autre joueur sénégalais est plébiscité. La raison voudrait qu’on l’appelle.
Pourtant, il paraît que l’on vous a convoqué en match amical mais que vous n’avez pas voulu venir. Est-ce vrai ?
On ne m’a jamais sélectionné. Mais une chose est certaine : je n’accepterai pas de jouer les dernières roues de la charrette, les appelés de dernière minute, pour combler un trou parce qu’un joueur sélectionné n’est plus dans les conditions de rejoindre la sélection.
Quelle appréciation faites-vous de l’équipe nationale ?
J’encourage les joueurs, je les exhorte à gagner leur challenge. Chaque fois on les attend, mais au finish on perd espoir. Je leur conseille de prendre de grosses équipes lors des matchs amicaux. Il faut se jauger face aux grandes équipes pour connaître ses forces et faiblesses. Tous les matchs amicaux, Nous les avons joués contre de petites équipes. C’est pourquoi lorsque nous avons rencontré le Cameroun, il y a une mauvaise surprise. Nous n’avons jamais eu de grandes équipes en amical, excepté Nigeria et Côte d’Ivoire récemment. Avant la CAN, nous n’avons pas eu de grande opposition. Il faut prendre les grandes équipes quitte à perdre les matchs. Cela permet de découvrir leurs failles, de voir leurs faiblesses. Pour avoir une grande équipe, il faut affronter les grands.
Avez-vous une fois discuté avec le sélectionneur national Aliou Cissé ?
L’année passée, nous nous sommes rencontrés au gala organisé par Mbaye Diouf dia. Il m’a dit : «Makhète, je te félicite pour tes belles performances. Est-ce que tu ne peux pas aller en Europe». Je lui ai dit que j’avais des contacts là-bas mais que pour l’instant rien n’était encore concrétisé parce que mon club ne m’a pas laissé partir. Que donc je suis bien là et que je suis performant. Que pour la saison qui venait, inch allah, j’allais essayer de battre mon record».
Si Aliou Ccissé vous sélectionne, qu’est-ce qu’on peut attendre de vous ?
Je ne vais pas dire que je vais régler le problème de l’attaque. Le joueur ne fait que son boulot. Il peut être performant ou passer à côté aussi. Mais un joueur doit mériter qu’on lui donne sa chance. Je peux apporter un plus à l’attaque des Lions. Si le coach fait appel à moi, je vais me battre comme il se doit pour ne pas décevoir.
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