ABDOULAYE DIAGNE FAYE RACCROCHE : «C'est fini, j'arrête ma carrière»
Fin de parcours pour Abdoulaye Diagne Faye. À 38 ans, l'ancien défenseur central des Lions, passé par la JA, avant de partir à Lens, puis de traverser la Manche, a décidé d'arrêter sa carrière.
Votre contrat vient de finir en Malaisie avec votre collègue El Hadj Diouf, quels sont vos projets ?
J’étais au Sénégal pour des vacances, je suis actuellement en Angleterre. Depuis trois mois, mon contrat est terminé en Malaisie. Je ne sais pas si c’est une coïncidence ou pas, mais, aujourd’hui (hier), j’ai pris la décision de prendre ma retraite en football. Je l’ai décidé aujourd’hui. Au moment où vous m’appeliez au téléphone, j’étais en réunion ce matin avec mon business adviser (conseiller en affaires), il m’a demandé si je comptais jouer pour un autre club? Je lui ai répondu que j’ai arrêté. Nous travaillons depuis 10 ans, il gère mes affaires, mes comptes et prend des orientations pour moi.
Pourquoi avez-vous pris cette décision ?
J’ai 38 ans, mon anniversaire, c’est le 26 février prochain. J’avais juste un contrat d’un an en Malaisie avec El Hadj Diouf. Par la suite, il y a un club de 3ème division en Angleterre qui a sollicité mes services, c’est Leyton Orianne. Le coach voulait m’avoir dans son groupe et il m’attendait pour les entraînements. Lorsque je suis arrivé en Angleterre, je n’étais plus motivé. Je ne voulais pas être ridicule. Soit j’assure, soit je laisse tomber. Toute chose a une fin, l’aventure s’arrête pour moi. c’est un grand jour pour moi et je suis très ému. J’ai eu un parcours sportif très riche, je remercie Allah. Je suis le fils aîné de ma famille et je pense avoir donné le bon exemple. Je remercie tous ceux qui m’on aidé dans ma carrière, mes parents, ma femme qui a été patiente avec moi pendant tout ce temps.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière ?
Quand je venais pour la première fois en France faire des tests à Guingamp, il s’est passé quelque chose d’extraordinaire : je les avais réussis et lors d’un match amical contre Rennes, il y avait des recruteurs de Lens venus en espions. Je devais signer le lendemain mon contrat et j’étais aux anges. J’étais seul dans ma chambre d’hôtel très excité. Je n’avais pas d’argent, pas de crédit pour téléphoner mes proches et je n’avais personne autour de moi pour partager mon bonheur. Je n’arrivais pas à dormir et mon agent était à Lyon. À 11 heures, le téléphone de l’hôtel sonne, je décroche et quelqu’un à l’autre bout du fil me dit : «Abdoulaye, nous sommes des dirigeants de Lens, on t’a suivi lors du match contre Rennes et on veut que tu signes avec nous». Je réponds que je dois signer avec Guingamp et que c’est non. Le gars insiste en ces termes : «Ne t’inquiètes pas pour ça. On t’a vu à l’oeuvre, tu es un grand joueur. Tu vas venir signer chez nous. Lens et Guingamp, ce n’est pas pareil. Nous allons jouer la Ligue des champions. Une Mercedes viendra te prendre et on se verra». Après, j’étais inquiet, parce que c’étaient des inconnus. Je pensais à un kidnapping et tout. Je me demandais comment ils ont fait pour savoir où je logeais, mon numéro de chambre et tout. Le gars me rappelle après et je lui dis «oui, j’arrive». Après 5 heures de route, j’ai demandé au gars «Où on va ?». Il me passe au téléphone quelqu’un pour me rassurer. On arrive finalement à 8 heures du matin et je vois les couleurs sang et or du club de Lens. C’était comme un rêve. On m’a invité à venir déjeuner. Il y avait le président Gervais Martel et le coach Joël Muller. J’aperçois Rigobert Song, Seydou Keïta. Quelques mois auparavant, je les voyais à la télé et là, ils étaient devant moi.
Qu’est-ce qui s’est passé après ?
La catastrophe, les gens de Guingamp étaient paniqués. Au petit matin, ils ont frappé à ma chambre et je n’ouvrais pas. Quand ils ont ouvert la porte, ils ne m’ont pas trouvé. J’étais sous leur responsabilité. Et quand ils ont su où j’étais, le Président à appelé Gervais pour le menacer et a exigé que je rentre tout de suite. En foot, il n’y a pas de sentiment. Alors Joël Muller m’a dit « Je veux que tu viennes signer à Lens, mais il faut que tu retournes à Guingamp. On t’attend». Et le gars m’a ramené à Guingamp pour 8 heures de trajet. J’étais fatigué. Il y avait Didier Drogba et Malouda qui sont venus vers moi et me dire «Put…toi tu as de la chance, tu viens directement de Dakar et Lens veut te recruter ? Nous, on est là depuis des années et rien». Je réalise alors l’enjeu, Lens étais 2ème du championnat. Pour moi, il n’y a pas de hasard. Après les entraînements, le directeur sportif m’appelle pour que je signe mon contrat et me dit «tu vas signer un contrat de 4 ans, tu auras une voiture et un appartement. Tu ne connaîtras plus les galères en Afrique et tu vas aider ta famille. La vie te sourit». C’était une manière de me mettre la pression. Je dis «non, j’attends mon agent, je ne signe pas». Et il poursuit «si tu ne signes pas, tu vas retourner en Afrique et tu n’auras plus rien». Le président me dit la même chose, car ils ne voulaient pas que Lens me prenne. J’ai pris le risque, je suis reparti à mon hôtel. J’appelle Alex, mon agent, qui se défoule sur moi «Diagne, tu me mets en mal avec Guingamp. J’ai des problèmes». Après, il appelle Joël Muller et on me trouve un vol spécial de Guingamp à Lille. Et je termine le voyage en route pour Lens. Zut, je viens à Guingamp et j’atterris à Lens. J’ai eu un bon contrat et une grosse prime. Je n’ai pas fait de stage comme le font la plupart des joueurs. J’ai signé directement pro un contrat de 5 ans.
Combien vous aviez touché comme prime ?
C’était beaucoup d’argent, je ne savais pas quoi faire avec tout cet argent. «Watch bess la wone» (Je partais de rien). c’est une époque qui a coïncidé avec l’introduction des cartes bancaires. Il y avait une femme qui s’occupait des nos affaires, c’est elle qui m’a initié. J’étais jeune et je retirais beaucoup d’argent du gap. Je me rappelle un jour, je suis entré dans une boutique et j’ai fait une folie en achetant un collier qui coûtait 3.000 euros (2 millions FCFA). Ce sont des trucs de jeunes, mais je ne l’ai plus jamais refait. Aujourd’hui, j’ai fait beaucoup d’investissements. Je suis dans mon coin et j’essaye de mener une vie correcte.
Pensez-vous à une reconversion ?
Aujourd’hui, tout le monde peut être recruteur ou agent. On n’a pas besoin de passer un examen pour transférer des joueurs. J’ai décidé d’être recruteur. J’ai beaucoup de contacts avec des entraîneurs anglais, je vais aller les voir, rester dans le football. Je pourrais amener des joueurs en Angleterre ou en France.
Une carrière d’entraîneur ne vous tente pas ?
Non, il y a beaucoup de stress dans le métier d’entraîneur. Il est plus facile d’être recruteur. En plus, si on réussit à placer un joueur dans un club, c’est l’aider à s’épanouir, à changer sa vie pour le meilleur. Cela me permet également de rester auprès de ma famille qui vit à Manchester. Tous mes trois enfants sont nés ici, ils parlent anglais, même s’ils viennent souvent en vacances au Sénégal. Je préfère qu’ils continuent leurs études ici. Mais, ils ne sont pas déracinés (rires), ils parlent wolof.
Diagne, parlez nous de votre passage en Malaisie, ce championnat méconnu des Sénégalais…
Tout s’est bien passé là-bas. ce n’est pas un pays de foot, mais ils ont de l’argent. Dans leur championnat, chaque année les clubs recrutent une célébrité pour rendre attractif le championnat. Lorsqu’El Hadj Diouf est allé là-bas, il m’a appelé pour venir. C’est un pays lointain, c’est 17 heures de vol et un décollage horaire terrible. Quand je jouais, mon club était deuxième au classement, j’ai eu une blessure et on a fini 6ème au classement.
Est-ce que vous suivez l’équipe nationale ? Quel regard portez-vous sur le coaching d’Aliou Cissé ?
Qu’on le laisse travailler et qu’on lui donne sa chance. On critique son système de jeu. Franchement, je pense qu’il peut aller loin car on a les joueurs qu’il faut. Le Sénégal est un grenier de footballeurs. Avec le temps, Aliou verra lui-même ses failles et il pourra se rectifier et hisser l’équipe assez haut. Je n’ai pas de relations particulières avec lui, on se croisait souvent à la salle de musculation de l’hôtel méridien. Mais je sais que c’est un type bien.
Comptez-vous apporter votre expertise au sport sénégalais ?
Bien sûr, je n’exclus pas de collaborer avec la FSF. Les gens savent que je ne parle pas trop, mais j’ai envie d’aider le football de mon pays, en particulier les jeunes. Me Augustin Senghor est un homme de dialogue, il a une forte personnalité, je crois que je peux apporter mon expérience pour l’aider dans sa mission. Je reste à leur disposition.
Et votre centre de formation à Rufisque, êtes-vous affilié à la FSF ?
Non, pas encore, mais j’ai des amis qui s’en occupent. ce centre de formation porte mon nom. Il existe depuis 8 ans. Le centre a un effectif de 20 gosses. Ils jouent souvent à Diambars ou à Génération Foot. Ils sont dans de très bonnes conditions. Aujourd’hui que j’ai pris ma retraite, j’aurai du temps pour les réunir et les aider à mieux avancer.
PHASE RETOUR DE LA PREMIER LEAGUE - LE DÉFI DES LIONS : Retrouver le bon tempo et la lumière
Les Lions de la Premier League ont connu des fortunes diverses durant la phase aller de la présente saison. Si Sadio Mané et Cheikhou Kouyaté sont relativement restés sur la même lancée que la saison passée, le reste du contingent entame la deuxième partie du championnat avec un seul objectif : retrouver la lumière.
2014 / 2015 était la saison où les Lions avaient ébloui la Premier League. 2015 / 2016 devait être celle de la confirmation. Très peu ont réussi le pari. Du moins pour le moment, Sadio Mané et dans une moindre mesure Cheikhou Kouyaté sont encore loin du total de buts réussi la saison passée, mais leurs prestations sont encore de haute facture. On ne peut en dire autant de Diafra Sakho, Mame Biram Diouf ou encore Papiss Demba Cissé, pour qui la confirmation est visiblement tout sauf une sinécure.
Sadio, des Saints aux Red Devils ?
Ça a des relents de déjà vu cette situation que vit Sadio Mané avec Southampton. Comme en 2014 quand il épatait toute la Premier League pour sa toute première saison, le milieu sénégalais est encore envoyé chez pas mal de cadors en Europe. Tant l’enfant de Bambali a encore mis tout le monde d’accord. Il n’a certes pas encore réussi le même total de buts que la saison dernière, mais son influence dans le jeu des Saints se fait de plus en plus sentir. Sadio Mané, c’est un peu le facteur X de l’équipe du Sud de l’Angleterre, étonnante 7ème de la Premier League la saison dernière et actuellement 10ème. À 23 ans, Mané est devenu l’une des attractions du championnat, grâce à ses accélérations foudroyantes, ses dribbles percutants et sa vision du jeu. Il n’en fallait pas plus pour attirer les cadors de la Premier League. S’il y a des chances de le voir sous la tunique des Saints pour le restant de la saison, il est peu sûr que l’international sénégalais aille jusqu’au bout de son contrat qui court jusqu’en 2018. C’est surtout son style qui fait courir les géants d’Europe : rapide, dribbleur et percutant et une certaine polyvalence (il peut jouer sur les ailes ou en soutien de l’attaquant, voire en numéro 9).
Kouyaté, un peu plus vers le sommet
Même quand le gros de la troupe marque le pas, lui il flambe. c’est dire que Cheikhou Kouyaté a déjà pris ses marques dans cette Premier League. On le comparait à Patrick Viera à son arrivée et il faut dire qu’il n’en est pas loin. À mi-saison, «Yadel» est déjà à trois buts, soit un de moins que la saison précédente. Mais c’est surtout sa présence dans l’entrejeu des Hammers qui est à saluer. West Ham ne connaît pas présentement la même réussite que l’année dernière où il avait fini 11ème, mais le milieu sénégalais aide encore à maintenir le club à flot. Il fallait le faire avec une pléthore de blessés, notamment du meneur français, Dimitri Payet. Avec le retour de ce dernier, Kouyaté devrait donner plus d’allant à ses aptitudes. Deux de ses trois buts ont été marqués de la tête, sur des caviars servis par le meneur français. c’est surtout West Ham () qui va pouvoir remonter au classement si le Sénégalais continue à faire montre de la même réussite.
Souaré, adaptation enfin réussie
Sadio, Kouyaté et Diafra ont pris leurs marques dès leurs premiers matchs. Pour Pape Ndiaye Souaré, cela a pris plus de temps. L’on se rappelle son premier match face à Arsenal (2ème journée) où il finit littéralement sur les rotules. Il lui fallait peut-être passer par ces difficultés pour mieux appréhender la Premier League qu’il venait de découvrir. La suite fut en effet bien plus reluisante. Le latéral gauche des Lions a enchaîné 21 matchs avec les Eagles dont 18 comme titulaire. Il a ainsi joué un grand rôle dans la folle première partie de saison de Crystal Palace qui est 7ème au classement. Alan Pardew devrait sans doute continuer à lui faire confiance, lui qui avait déjà prédit un grand avenir pour Souaré quand il était au plus mal.
Mame Biram et Papiss : retrouver du temps de jeu
8 minutes lors de Stoke / Chelsea (12ème journée), 3 lors du déplacement à Southampton (13ème journée), 26 lors du déplacement à Sunderland (14ème journée) et 25 lors de la réception de Manchester United (15ème journée) : le temps de jeu de Mame Biram Diouf à Stoke a drastiquement diminué entre octobre et novembre. Ce temps de jeu famélique a trait au décès de sa mère au mois d’octobre. Depuis, le buteur sénégalais a vu Arnautovic lui chiper sa place de titulaire, lui se contentant de bouts de match. Après 20 journées, «Diego» en est à seulement trois buts, sur 18 matchs joués dont 12 comme titulaire. À défaut de trouver un autre club, il lui faudra retrouver du temps de jeu lors de la phase retour. Ce qui n’est pas gagné au regard de la forme de son remplaçant (Arnautovic). C’est le même cas de figure pour Papiss Cissé de Newcastle. Si ce n’est que c’est un peu plus compliqué. Le buteur des Magpies doit d’abord se départir de ses soucis de santé (blessures récurrentes) pour pouvoir retrouver sa réussite d’il y a deux ans. La saison précédente, l’international sénégalais avait réussi 11 buts en 22 matchs, tandis que cette présente saison, il en est à seulement 2 buts en 13 matchs. Encore qu’il est indisponible pour au moins un mois et devra subir une opération en raison de sa blessure à l’aine.
Gana, penser déjà à la saison prochaine
«Gana Guèye est impressionnant au milieu. Il a des airs de Fabian Delph (parti à Manchester City)». Le coach des Villans a souvent été dithyrambique à l’endroit du milieu de terrain sénégalais. En voilà des éloges qui feraient plus plaisir à Gana Guèye si cela se répercutait sur les performances du club. L’international sénégalais est titulaire indiscutable au sein de l’effectif d’Aston Villa, mais le club basé à Birmingham est dernier au classement et est quasiment condamné à la relégation. Gana restera-t-il avec les Villans en cas de descente en Championship ? C’est sans doute l’un des dilemmes auxquels le Sénégalais va être confronté, lui qui a signé un bail de quatre ans avec la lanterne rouge de la Premier League.
Stades : Une du jeudi 14 janvier 2016
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