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Le champion du monde 2014 allemand Jérôme Boateng, né d'un père ghanéen et d'une mère allemande, affirme qu'il fait toujours l'objet d'insultes racistes dans les stades, dans une interview à Boa, le magazine de lifestyle qu'il a lui-même fondé.

"Lorsque je m'échauffe en bordure du terrain, j'entends souvent des cris de singes dans les tribunes, moi qui ai joué tant de matches avec l'équipe d'Allemagne (76, NDLR), ou alors ils me crient des trucs comme +Casse-toi dans ton pays+ ou +Nègre de merde+", raconte le joueur de 30 ans, dans un entretien rendu public vendredi.

Le racisme au quotidien, Boateng raconte comme il l'a découvert enfant, lorsque des parents de joueurs d'équipes adverses lui ont même craché dessus. "On n'avait même pas dix ans", se souvient celui qui vivait alors à Berlin.

Un match de coupe contre le petit club du Köpenicker SC lui est resté en mémoire: "Le père d'un joueur de l'équipe adverse est venu de notre côté, il n'a pas arrêté de me harceler pendant le match et il criait à son fils: +Le nègre de merde, achève-le+. Au bout d'un moment, je me suis mis à pleurer".

Aujourd'hui, il assure ne plus souffrir des insultes: "Mais quand j'étais plus jeune, c'était violent. Mes parents ne parlaient jamais de ma couleur de peau, ce n'était pas un sujet. Et d'un seul coup quelqu'un t'appelle en te disant: +Hey, mon petit négro+. Mes parents m'ont expliqué que certaines personnes avaient un problème avec la couleur de ma peau. Je n'arrivais pas à y croire. Pour un enfant, ça n'a pas de sens".

Et encore en 2018, à Berlin et dans l'est de l'Allemagne, "il y a des endroits où je ne laisserai pas aller ma fille" en voyage scolaire, assure le footballeur, qui estime que "chacun devrait se dresser et prendre position" lorsque des paroles de haines sont proférées publiquement.

Selon lui, la crise des réfugiés suscite de plus en plus de conversations en Allemagne. Et les gens, dit-il, mettent de plus en plus d'étiquettes: "Une pour les Allemands, une pour les migrants. Et les Allemands, dont les parents sont d'origine étrangère et qui ne sont pas blancs, mais qui se sentent totalement allemands parce qu'ils ont grandi ici, on les regarde de nouveau d'un air soupçonneux".

Toujours titulaire au Bayern Munich, Boateng n'a pas été retenu en équipe nationale cette semaine pour la première fois depuis très longtemps, en raison de sa récente baisse de forme.
AFP

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