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C'est l'un des derbies les plus chauds d'Europe. Entre les tifosi de la Roma et ceux de la Lazio, la haine est totale. Une rivalité bien marquée également sur la pelouse. Focus. 


Ce dimanche, les deux rivaux de la ville éternelle se retrouvent sur la pelouse du Stadio Olimpico pour se livrer un nouveau duel qui déterminera qui des Biancocelesti ou des Giallorossi s’offrira la suprématie locale pour les prochains mois. En effet, la rivalité et les provocations rythment les jours précédent ce derby passionné et passionnant. Et ce n'est rien comparé aux jours qui suivent ce match si particulier.

Tandis que les supporters de la Roma rappellent à leurs "cousins" que le nom de leur club ne porte même pas la mention de Rome (mais de la région géographique de la capitale), les tifosi de la Lazio agitent la primauté de la date de création (1900 vs 1927) comme trophée virtuel. Sur les terrasses des trattorie, aux façades colorées et fleuries en ce début de printemps, ou au comptoir des bars dans lesquels les Romains exécutent leur café debout dans un brouhaha étourdissant, les débats font rage pour convaincre son rival de la supériorité de son équipe. Les mains s’agitent, les bouches s’assèchent, les langues claquent… la dramaturgie n’est jamais loin à Rome lorsque l’on parle football. Et les anecdotes fusent sur ce match pas comme les autres, où la tension se transforme vite en matière irrationnelle, symbole d’une ville un peu folle.


Le derby des provocations

Que serait un derby sans son lot de provocation ? Que serait une semaine post-derby sans sa rafale de chambrage des vainqueurs envers les vaincus ? Que serait un derby sans cette boule au ventre avant de savoir si la semaine qui suit sera belle ou d’une infime tristesse ? Un match entre deux rivaux, c’est aussi ça et les 22 acteurs le savent. Et quand des joueurs emblématiques s’en mêlent, la tension monte d’un cran.

Francesco Totti est un as de la provocation. Au fil des années, il a su aiguiser son sens du chambrage et les nombreux derbies remportés par Il Capitano, et ses buts – il co-détient le record du nombre de buts dans le derby de la Capitale avec 11 unités – lui ont permis de souvent provoquer et répondre ensuite sur le terrain. Sa spécialité ? Les tee-shirts pour ses célébrations. Entre les "Je vous ai encore puni", "Game Over" et autres "Vous parlez beaucoup, mais qu’avez-vous inventé ?", le capitaine de la Roma aime faire passer ses messages sur de la matière textile.

Senad Lulic n’est pas le plus grand joueur que la Lazio ait connu, mais son passage en Italie sera marqué à jamais par son but libérateur en finale de Coupe d’Italie 2013. Dans une finale 100% romaine, le Bosnien fut l’auteur du seul but de la rencontre, à la 71e minute. Quelques mois plus tard, il sortait une ligne de vêtements sobrement intitulée "Lulic 71" en partenariat avec Macron, le sponsor de la Lazio. Histoire de rappeler à tous les fans de la Roma un épisode douloureux.


Le derby des violences

Avant chaque derby, la même scène se reproduit. Les carabinieri convoquent la presse pour lui montrer l’arsenal saisi dans différentes cachettes de hooligans romains. Entre les haches, les couteaux et les barres de fer, les autorités italiennes rabâchent à chaque derby que le pire a sans doute été évité. Cachées dans des locaux de la ville, sous les ponts près du stade et sur les collines de Rome, ces armes confisquées illustrent la violence qui entoure ce match.

C’est ainsi qu’en 1979, Vincenzo Paparelli avait perdu la vie. Ce tifoso de la Lazio avait reçu une fusée dans un œil, tiré depuis la Curva de la Roma à l’autre bout du terrain.

En 2004, le derby avait été arrêté après que des supporters ont pénétré la pelouse pour aller voir Francesco Totti afin de lui faire part d’une information selon laquelle un enfant s’était fait renverser par la police aux abords du stade. Devant la tension en tribunes, l’arbitre, en accord avec les autorités, avait décidé de mettre un terme au derby. Finalement, l’information n’était qu’une rumeur, et la Cité éternelle avait connu une nuit de violence lors de laquelle, hooligans de la Roma et de la Lazio s’étaient alliés face à la police italienne.


Le derby de la passion et de l’extraordinaire

Chaque supporter de la Roma se souvient du 10 mars 2002. Ce jour-là, les Giallorossi avaient infligé une correction à la Lazio (1-5) au plus fort de la domination de la Capitale italienne sur le calcio, la Lazio ayant gagné le scudetto en 2000, la Roma l’année suivante. Ce soir-là, Vincenzo Montella avait inscrit un quadruplé, Nesta avait sombré et Totti avait ajouté une merveille de ballon piqué des 20 mètres sous la barre d’un Peruzzi impuissant.

Autre anecdote, encore datée du mois de mars. En 1956, le derby de Rome avait dû être reporté. Il s’agit d’un cas unique dans l’histoire de cette confrontation. Cette année-là, des chutes de neige avaient empêché la tenue de la rencontre et la Lazio avait remporté le match (1-0) quelques semaines plus tard sous le soleil.

Enfin, ce derby de Rome c’est une passion et une ferveur incroyables. Qui de mieux que l’un de ses acteurs pour le résumer ? Christian Panucci, globe-trotteur émérite et joueur de la Roma entre 2001 et 2009, avait résumé l’ambiance de ce derby ainsi : "Des derbies j'en ai joué un grand nombre aussi bien à Milan, à Madrid comme à Londres. Mais c'est à Rome que la passion est la plus forte." Que le spectacle commence !
Goal

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