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Entre les Lions et Momo Diamé, c’est la fin d’une idylle qui aura duré 6 ans. Après avoir consulté le sélectionneur national Aliou Cissé et le président de la FSF, Me Augustin Senghor Mohamed Diamé a finalement pris la décision de mettre fin à son compagnonnage avec l'équipe du Sénégal. Et déroule ses raisons. 

Momo, avec le recul, quelle lecture faites-vous de l’élimination du Sénégal en quarts de finale de la dernière CAN ?
Nous avons tous eu un goût d’inachevé. Personnellement, je me disais qu’il fallait gagner ce titre continental. On était sur une bonne dynamique, malheureusement celle-ci a été cassée face au Cameroun. On vient encore une fois de se rendre compte qu’en football, ce n’est pas forcément la meilleure équipe qui gagne toujours. L’élimination était plus que cruelle.

Comment expliquez-vous cette défaite ?
C’est dur de l’expliquer. Cette élimination est intervenue au moment où nous étions sur une très bonne dynamique. Maintenant dans une équipe, tout ne peut pas être rose pendant toute une rencontre. On avait une grande confiance en nous-mêmes. Malheureusement, on a passé une soirée très compliquée. Que ce soit Sadio qui a raté le penalty et tout le groupe. On était tous abasourdis parce qu’il y avait de la place. Je n’avais jamais vu une telle tristesse dans une équipe. Il a fallu se remobiliser tout de suite, parler avec les joueurs surtout les plus jeunes. Ce n’était pas évident. On a pris beaucoup de temps avant de revenir sur terre. Par la suite, on s’est dit qu’il faut faire avec. Le football est ainsi fait. 

À quel niveau le ressort s’est-il cassé ?
Je ne sais pas. Mais après le match, que ce soit le coach ou tous les joueurs, on a le désagréable sentiment d’avoir travaillé dur pour rien. Le Cameroun a bien joué son coup. Ils nous ont attendus, malheureusement nous n’avons pas pu trouver la faille. La décision devait à coup sûr venir de l’attaque parce que, défensivement, aucune défaillance n’a été notée à notre niveau. La concentration, la motivation et l’envie étaient de mise. Le Cameroun était bien regroupé et nous a amenés aux tirs au but.

Comment avez-vous vécu le fait d’être resté sur le banc de touche pendant les rencontres importantes ?
Comme je l’ai expliqué au coach et comme je l’ai toujours défendu, je suis un joueur professionnel. Je sais faire la part des choses : quand je ne mérite pas de jouer ou pas. Aujourd’hui, en équipe nationale, il y a des joueurs qui sont beaucoup plus en forme que moi. Mais, une chose est sûre : je ne connais aucun joueur au monde qui est content de rester sur le banc de touche.

Que pensez-vous des perspectives de cette équipe du Sénégal ? 
Sur le plan personnel, ça y est. Je vous informe que j'arrête ma carrière internationale. J'en ai déjà informé le coach Aliou Cissé et le président Me Augustin Senghor. Donc, sur les perspectives, je dis que je les suivrai a partir de la maison. Je ne serai plus du groupe. Mais, je suis redevenu le supporter N°1 des Lions. 

Quand avez-vous discuté avec le président et le coach de votre décision d'arrêter en équipe nationale ? 
J'ai discuté avec le coach il y a une dizaine de jours. Pour le président de la Fédération, ca fait juste une semaine.

Et quelle a été leur réaction ?
Le coach m’a demandé de prendre un temps de réflexion par rapport à ma décision parce que je fais partie de la base de projet et qu’il aimerait que je continue. Il m'a aussi demandé de ne pas prendre ma décision assez vite. Derrière, il a appelé le président pour l'informer. C'est par la suite que le président Senghor m'a rappelé pour me tenir le même discours. Il m'a comprendre que le peuple avait toujours besoin de moi.

Quelle est la vraie motivation de votre décision ?
J’ai beaucoup réfléchi. Et croyez-moi, je n'ai pas pris ma décision à la légère. Et, comme les autres, j'ai bien réfléchi. Et je pense qu'arrêter maintenant est la meilleure des solutions. J’en ai discuté avec la famille et je ne veux pas m'engager dans une chose pour ne pas y aller jusqu'au bout. Après cette CAN, il y a la prochaine Coupe du monde et la prochaine CAN 2019. Il est fort possible que, pour ces prochaines échéances, je ne sois pas en forme pour y prendre part. Partant de là, j'ai préféré arrêter maintenant afin de ne pas casser le groupe en plein milieu de compétition. 

Est-ce que ce n’est pas parce que vous avez perdu cette place de titulaire en équipe nationale que vous avez pris la décision de la quitter ?
Non, du tout. Sinon j’aurais arrêté bien avant. Ce n’est pas à cette CAN que j’ai perdu ma place de titulaire. J’ai tout connu dans cette équipe. J’ai été titulaire, j’ai été remplaçant. Non franchement, je n’ai pas ce problème-là. Je suis tout à fait d’accord et en phase avec les choix du coach. C’est tout à fait normal, je ne méritais pas de démarrer dans cette CAN. Même avec Alain Giresse, il m’est arrivé de perdre ma place de titulaire. Et ce n’est pas pour autant que j’ai arrêté. Soit on va en équipe nationale pour apporter un plus au groupe, soit on n’y va pas. on ne dit pas «j’y vais pour jouer à tout prix».

Comme l’ont dit le coach et le président de la fédé, beaucoup pensent que vous pouvez encore apporter…
Vous savez, l’équipe nationale n’appartient à personne. Il y a énormément de joueurs sénégalais qui peuvent prendre ma place. hHonnêtement, je ne fais pas partie des 23 meilleurs Sénégalais du moment. Mais, au moment de partir, c’est un sentiment de fierté qui m’anime. 

Le coach Aliou Cissé vous estime particulièrement…
C’est sûr qu’Aliou Cissé est déçu, il aimerait me voir continuer. Mais, c’est une décision personnelle que j’ai prise en concertation avec ma famille. Je comprends un peu la position du président et du coach mais comme je vous l’ai expliqué, je pense que ça va, il est temps pour moi de partir. 

Pourriez-vous éventuellement revenir sur votre décision ?
(Éclats de rires). pourquoi ça devait être provisoire ? Non, c’est une décision irrévocable et définitive. Quand je suis arrivé en équipe nationale, on m’a bien expliqué son état d’esprit mais aussi sa valeur. Aujourd’hui, je ne veux pas tricher avec cette sélection et ce maillot national. C’est pourquoi je vous dis que ma décision est définitive. 

Avez-vous pensé à vos fans sénégalais et aux nombreux supporters de l’équipe nationale ?
J’ai beaucoup pensé au peuple sénégalais qui m’a beaucoup supporté et aidé. J’ai toujours voulu donner le meilleur de moi-même. Mais, sans vous le cacher, mon plus grand regret, c’est de n’avoir pas pu faire mieux ou être au même niveau qu’en club. Maintenant, est-ce que je dois continuer dans cette situation ? Je dis non parce que ça me fait mal de ne pas être performant en équipe nationale. Je suis vraiment déçu de mes prestations en sélection.

Justement, pourquoi vous n’êtes pas parvenu à vous imposer en équipe nationale comme en club ?
Franchement, je n’ai pas de réponse à cette question. C’est quelque chose qui ne peut pas s’expliquer. Après chaque contreperformance en sélection, si j’arrive le jeudi suivant en club, je fais un match incroyable en championnat. C’est ce que je regrette le plus dans ma vie de footballeur.

Avez-vous discuté de votre départ avec des coéquipiers ?
Évidemment, j’en ai discuté avec quelques coéquipiers. Mais, comme je vous l’ai dit, c’est une décision personnelle. Si j’avais informé tout le monde, unanimement, ils allaient tous s’y opposer. Ceux avec qui j’ai discuté m’ont demandé d’aller au moins jusqu’à la Coupe du monde. 

Tous les footballeurs rêvent de jouer une Coupe du monde…
(Il coupe). Cette question m’est souvent revenue en tête. Mais bon, dans la vie, il faut savoir faire des choix. L’équipe nationale est sacrée et elle n’est pas aussi facile. Je ne suis pas triste. J’ai passé des moments fantastiques en équipe nationale. Même pendant les périodes difficiles, j’ai eu le soutien de tous mes coéquipiers. J’ai beaucoup de jeunes frères dans cette équipe. On s’est d’abord côtoyé lors des JO de 2012. Pour certains, on se connaissait déjà. Franchement, cette belle équipe restera à jamais dans mon cœur.


STADES

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