Le milieu de terrain de Guingamp est du genre fidèle. Moustapha Diallo (31 ans) dispute actuellement sa neuvième saison pour le club costarmoricain, dont il est naturellement devenu un des cadres. Mais avant de se poser en France, l’international sénégalais a effectué pas mal d’aller-retour entre Dakar et l’Europe.
Il paraît qu’à Dakar, vous étiez du genre à préférer le foot aux études. Et que votre mère, pendant un an, n’y a vu que du feu ?
(Rires.) Oui, c’est vrai. Elle voulait que je suive mes études avant de penser au foot. Mais moi, je préférais jouer. Alors, pendant presque un an, je partais le matin avec mes affaires pour l’école. Puis je filais chez un copain, je me changeais pour aller jouer et je me douchais chez lui avant de rentrer à la maison. Et bien sûr, il fallait que je rattrape les cours, car je n’y allais pas toujours.
Et vous avez pris une soufflante quand votre mère a compris que vous la flûtiez ?
Même pas. Car des gens lui ont dit que j’avais des qualités. Et moi, j’ai dit à ma mère que je voulais réussir dans le foot pour pouvoir l’aider, pour qu’on vive mieux, tout simplement. Alors, elle a accepté que je me consacre au foot, mais elle a été aussi très franche : elle m’a dit que j’avais intérêt à réussir dans le foot.
Quelques mois plus tard, les faits vous donnent raison puisque vous faites vos débuts en Ligue 1 avec l’ASC Diaraf, un des meilleurs clubs sénégalais…
Oui. J’étais junior à l’époque. C’était en 2003 et des joueurs de l’équipe première avaient décidé de faire grève pour protester contre le non-versement de leurs salaires. L’entraîneur avait alors décidé de faire appel à plusieurs juniors, dont moi. J’avais joué contre l’AS Saloum une partie du match. Puis, comme j’avais été plutôt bon, le coach m’avait rappelé. Et je suis resté dans le groupe. En 2004, Diaraf a été champion du Sénégal. Puis je suis parti en Allemagne pour faire un essai à Stuttgart.
Dont l’entraîneur, à l’époque, était ce bon vieux Giovanni Trapattoni…
Exact. Il voulait que je signe. Seulement, le club ne pouvait pas me recruter directement pour des histoires de réglementation, et il fallait que je passe d’abord par un autre club européen. Il avait été question de Strasbourg. C’est du moins ce qu’on m’avait raconté. En plus, Diaraf demandait beaucoup d’argent. Finalement, je suis rentré au Sénégal. Et j’ai continué à jouer avec mon club. Puis c’est Pape Diouf, alors président de l’OM, qui m’a repéré lors d’un match à Dakar. Il m’a alors proposé de venir passer quelques jours à Marseille pour faire un essai, mais, finalement, je suis rentré à Dakar. Puis l’agent qui m’avait permis de faire des tests à Stuttgart m’a parlé de la Belgique et du FC Bruges. Et j’ai signé là-bas. C’était en juin 2006. Mais cette expérience en Belgique n’a pas vraiment fonctionné.
Pourquoi ?
Quand je suis arrivé, c’était en été. Mais dès qu’il a commencé à faire froid, c’est devenu très difficile. Le froid, la neige, je ne connaissais pas. J’avais les pieds gelés, j’avais du mal à courir sur les terrains. En plus, je me suis blessé à l’épaule. Il y avait de la concurrence, le coach ne comptait pas trop sur moi. Bref, je n’étais pas très à l’aise. Je ne suis resté qu’un an et je suis ensuite parti en Espagne, au Racing Ferrol (Ligue 2). Mais ça n’a pas marché. Je jouais peu, et j’ai donc décidé de rentrer au Sénégal.
Quand un joueur africain part en Europe et qu’il revient prématurément au pays, cela est souvent considéré comme un échec…
C’est vrai. Mais pour moi, c’était la meilleure des solutions. Au moins, avec Diaraf, je jouais. Et puis, j’aurais dû rester en Europe, pour peut-être jouer dans des clubs de CFA ? Cela ne m’intéressait pas. Avec Diaraf, j’avais l’assurance de jouer en Ligue 1 sénégalaise, de participer à des coupes d’Afrique. J’ai fait ce choix, et tant pis si des gens ont dit que j’étais fou. C’était mon choix. Et la suite m’a donné raison. J’ai participé au CHAN en 2009 en Côte d’Ivoire avec la sélection locale. On termine à la quatrième place et je fais un bon tournoi. Et Guingamp avait envoyé des observateurs sur place. Quelques mois plus tard, je signais là-bas. Si je n’avais pas décidé de rentrer au bled, je n’aurais sans doute jamais joué ici !
Et depuis, vous n’avez pas bougé de là. Parce que l’occasion ne s’est jamais présentée ?
Quand je suis arrivé, Guingamp venait de gagner la Coupe de France. On allait disputer la Ligue Europa (1-5, 1-3 contre Hambourg SV). La saison suivante, alors que j’avais fait une trentaine de matchs, on est relégué en National. Mais je suis allé voir les dirigeants et j’ai dit que je n’avais pas l’intention de partir. Un nouvel entraîneur venait d’arriver, Jocelyn Gourvennec… « Jocelyn Gourvennec m’a canalisé. Car je prenais beaucoup trop de cartons, et cela pénalisait l’équipe. C’était plus de la maladresse qu’autre chose, car je ne suis pas un joueur méchant. »
Vous serez en fin de contrat le 30 juin prochain. Une prolongation est-elle à l’étude ?
Il y a eu quelques discussions avec les dirigeants. C’est vrai que je me sens vraiment bien ici. Mais nous avons convenu de nous revoir une fois que le maintien sera assuré. C’est bien parti. Ensuite, nous discuterons. On verra bien ce qu’on me proposera. Je peux tout envisager.
Votre dernière sélection remonte à 2009, contre la Corée du Sud. Conservez-vous encore un espoir de jouer pour votre pays ?
J’ai toujours travaillé pour… Mais je n’ai jamais eu de contact avec Aliou Cissé, le sélectionneur. C’est comme ça. Je ne suis pas déçu, car il y a beaucoup de très bons joueurs au milieu. Je ne passe pas mon temps à penser à la sélection. La priorité, c’est Guingamp. Mais on ne sait jamais, si je suis performant. Tout peut arriver…
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