0



"Je ne m'assiérai plus jamais sur un banc de touche en Ligue des champions". Le coeur brisé par l'élimination à Madrid, mais fier du travail accompli, l'entraîneur du Bayern Munich Jupp Heynckes a dit adieu mardi soir à la plus magique des compétitions, qu'il aura remportée deux fois dans sa carrière.

Juste après le coup de sifflet final d'un match d'une intensité rare, le vieux sorcier aux cheveux blancs n'avait pas envie de tirer un bilan personnel de son histoire d'amour avec la C1: "Je n'ai aucune émotion particulière parce que c'est fini. Au contraire", a-t-il assuré: "Je ne ressens que de la déception pour le résultat, particulièrement pour mes joueurs. Pendant neuf mois nous avons fait un formidable travail. C'est un groupe qui a du caractère. C'est dommage qu'il n'ait pas été récompensé".

Trois fois par le passé l'Allemand avait conduit une équipe en Ligue des champions, et trois fois il avait atteint la finale, pour deux victoires, en 1998 avec le Real Madrid, et en 2013 avec le Bayern Munich. Il n'aura plus jamais cette chance.

"Peu d'hommes à 72 ans..."

"Cette fois je le sais, c'est définitif, et je trouve que c'est très bien comme ça (...) Peu d'hommes à 72 ans peuvent encore vivre une pareille aventure!", a-t-il reconnu.

Il était d'autant plus meurtri d'avoir échoué mardi que son équipe a réussi une performance hors du commun: "Je n'avais pas vu le Bayern jouer à ce niveau depuis des années. C'est du football très haut de gamme, du football comme on en voit rarement sur nos terrains, même en Europe", a-t-il lancé.

Il aura fallu deux gaffes énormes de joueurs d'ordinaire remplaçants à ce niveau pour permettre à Madrid de s'imposer. A l'aller, le latéral Rafinha, positionné à la place de David Alaba blessé, s'est rendu coupable d'une mauvaise passe à l'origine du 1-2. Au retour, Corentin Tolisso et son gardien Sven Ulreich, qui découvraient cette saison les demi-finales de C1, ont tristement combiné pour offrir sur un plateau le deuxième but à Karim Benzema.

Mais Heynckes le meneur d'hommes, le fin psychologue qui a rendu leur confiance aux stars du Bayern après le limogeage de Carlo Ancelotti fin septembre, est resté mesuré dans la critique. "Corentin a bien joué, jusqu'à cette passe en retrait du 2-1, qui n'avait pas lieu d'être. Sven a fait une saison formidable, il a seulement eu un trou noir. Il voulait prendre la balle à la main, il s'est rendu compte que ce n'était pas possible, il s'est emmêlé".


"Il faut voir d'où nous venons"

Même mansuétude pour ses attaquants Müller et Lewandowski, muets durant 180 minutes contre les Merengue. "J'étais moi-même un pas si mauvais joueur et je sais, comme attaquant, que lorsqu'on court beaucoup sur un rythme très élevé, il manque la concentration ultime et la force pour marquer".

Bien que la saison ne soit pas terminée, et qu'il reste encore une coupe d'Allemagne à gagner (le 19 mai en finale contre Francfort) pour assurer le doublé national, Heynckes a tenu a remercier ses joueurs dans le vestiaire de Santiago Bernabeu. "C'était très émouvant", a assuré Karl-Heinz Rummenigge, le patron du club qui a longtemps espéré, cet hiver, convaincre Heynckes de rester une saison de plus.

Sorti de sa retraite presqu'à contrecoeur, le technicien a en effet transformé en quelques mois une équipe déstabilisée en champion d'Allemagne quasi-invincible dans son pays, et en machine de guerre qui a dominé le grand Real de Zidane dans le jeu.

"Il faut voir d'où nous venons", a tenu à rappeler le directeur sportif bavarois Hasan Salihamidzic, "en octobre plus personne ne misait un centime sur nous, et pour cela je dois adresser d'immenses compliments à Jupp Heynckes".

Après la double confrontation contre Madrid, "le monde du football va témoigner le plus grand respect à notre équipe et à Jupp Heynckes", a renchérit Rummenigge.

La grande famille du Bayern se console comme elle peut. Mais c'est bien le Real et Zinédine Zidane qui disputeront la finale du 26 mai à Kiev!
AFP

REAGISSEZ À CET ARTICLE

Réagissez Google+

 
Top