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Une semaine a suffi pour mettre toute l'Espagne d'accord: le nouveau sélectionneur Luis Enrique, décrié à son arrivée pour son caractère clivant, a déjà emporté l'adhésion générale avec la Roja, victorieuse des vice-champions du monde croates mardi (6-0) entre jeu délié et rajeunissement réussi.

Débuts rêvés

Après son échec en huitièmes de finale du Mondial, l'Espagne n'aurait pas pu espérer meilleur rebond dans cette Ligue des nations inaugurale. Deux victoires probantes contre l'Angleterre (2-1) à Wembley puis la Croatie, deux des sélections les plus en vue de la récente Coupe du monde.

"Le futur est déjà là", "Réjouissance nationale", "Nous sommes de retour"... Les titres de la presse espagnole mercredi résumaient l'enthousiasme retrouvé autour de l'équipe nationale, arrivée en fin de cycle en Russie.

Mieux, le nom de Luis Enrique a été scandé par le public du stade d'Elche (sud-est). Un soutien inattendu pour un technicien considéré comme caractériel et perçu au moment de sa nomination comme étant trop Barcelonais pour durer à ce poste traditionnellement écartelé entre Barça et Real Madrid.

"J'ai eu un peu honte que le stade chante mon nom, je ne m'y attendais pas et je les en remercie énormément", a réagi le sélectionneur.

Malgré cette modestie, les éloges ont plu sur les épaules de l'Asturien.

"Luis Enrique mérite une salve d'applaudissements, en très peu de temps il a mis sur pied une équipe nouvelle. Différente, efficace, libérée dans son jeu et sa finition", a résumé dans un éditorial Alfredo Relano, directeur du quotidien sportif As.

Jeu retrouvé

Depuis sa nomination, "Lucho" n'a cessé de rejeter l'idée d'une "révolution" dans l'emblématique jeu de passes de l'Espagne, proposant simplement de le rendre plus efficace.

Ainsi, le nouveau sélectionneur semble avoir surtout insisté sur la finition, talon d'Achille d'une équipe qui s'était heurtée pendant 120 minutes à la muraille russe en huitièmes du Mondial (1-1 a.p., 4 t.a.b. à 3).

Bilan: huit buts en deux rencontres et surtout un accent mis sur les tirs de loin, à l'image de l'excellent Marco Asensio, buteur contre la Croatie sur une frappe limpide du gauche avant de provoquer un autre but d'un tir enroulé repoussé par la transversale sur le dos du gardien.

"Nous avons dû retrouver de bonnes sensations et nous avons réalisé deux bons matchs. Ces deux victoires sont importantes pour aller en finale", a souligné Asensio, alors que la Roja est bien partie de se qualifier pour le Final Four de la Ligue des nations.

Luis Enrique a cependant prévenu que le chemin de la reconquête était encore long.

"Ce serait très facile de dire: +voilà mon Espagne, qui provoque beaucoup d'occasions et encaisse peu de buts+. La vérité, c'est que tout peut changer très rapidement", a-t-il philosophé.

Jeunes lancés

Sa première liste, sans Koke ni Jordi Alba, avait laissé les médias dubitatifs ? Insensible aux critiques, Luis Enrique a donné leur chance à plusieurs jeunes qui piaffaient d'impatience dans l'ombre des Iniesta, Silva ou Piqué, désormais retraités de la Roja. Et le pari a été payant.

"Tout s'est passé à la perfection", a savouré le sélectionneur.

"Asensio a marqué deux buts splendides (un seul lui étant attribué, NDLR), Busquets a été incroyable, comme les deux latéraux, comme Saul, Ceballos, Isco, Rodrigo. Je n'ai rien de négatif à dire sur mes joueurs", a-t-il commenté.

Depuis 2012, l'Espagne attend de réussir la transition vers une nouvelle génération, après son âge d'or et la conquête du triplé historique Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012. Luis Enrique, décrit par le journal Marca comme le "grand gagnant" de cette séquence internationale, semble bien parti pour y parvenir.

En attendant, l'enthousiasme général est nuancé d'un seul regret: que se serait-il passé en Russie si la Fédération espagnole n'avait pas limogé le sélectionneur Julen Lopetegui à la veille du Mondial ? Preuve qu'avec l'Espagne, rien n'est jamais acquis.
AFP

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