Juventus : Cristiano Ronaldo, machine à buts, machine à cash
Sur le terrain mercredi en Ligue des champions contre Manchester United, la Juventus et Cristiano Ronaldo seront favoris. Mais le recrutement du Portugais répond aussi à une logique économique et doit permettre au club turinois de réduire l'écart qui, dans ce domaine, le sépare encore des Red Devils et d'une poignée d'autres géants.
"Nous allons planifier, l'un après l'autre, les derniers pas qui nous restent à faire pour devenir les N.1", expliquait au Financial Times le président de la Juventus Andrea Agnelli peu après la signature de Ronaldo.
Pour être les N.1 au plan sportif, les Turinois comptent logiquement sur CR7 pour gagner la Ligue des champions, que celui-ci a remporté cinq fois, pendant qu'eux butaient sur la dernière marche avec deux finales perdues en 2015 et 2017.
Mais l'objectif est double. "En parallèle à la progression sportive, l'objectif est de consolider notre statut comme puissance économique au sein du football mondial", a en effet expliqué Agnelli lors de la récente assemblée générale des actionnaires du club.
Dans les semaines qui ont suivi la signature du quintuple Ballon d'Or, l'action Juventus s'est d'ailleurs envolée à la Bourse de Milan.
Même si le cours a ensuite chuté, dans la foulée des accusations de viol visant l'ancien Madrilène, la réaction du marché a montré que l'investissement consenti - 110 millions en transfert et un coût total estimé à 340 millions sur la durée du contrat - ne semblait pas démesuré, même pour un joueur de 33 ans.
"Valeur ajoutée"
Pour la Juventus, décidée à devenir une marque mondiale de premier plan et qui a redessiné son logo dans cette optique la saison dernière, Ronaldo doit être un levier de croissance majeur.
Car selon la dernière étude du cabinet Deloitte, son chiffre d'affaires, tout juste supérieur à 400 millions d'euros, la place au 10e rang européen seulement, loin de Manchester United, son rival mercredi, leader avec 676 millions.
Les bianconeri sont dépassés également par les historiques Real Madrid, Barcelone et Bayern Munich, avec lesquels ils rivalisent pourtant ces dernières saisons au plan sportif, et à distance des richissimes Manchester City, Chelsea ou Paris SG.
Sur le plan des recettes commerciales, le rapport est ainsi presque du simple au triple entre Juve et United - 114 millions contre 325 millions - et c'est là que l'effet Ronaldo doit se faire sentir.
"Nous sommes pleinement convaincus que Ronaldo est une valeur ajoutée à tous points de vue. Au plan commercial par exemple, il facilitera notre rayonnement mondial", a ainsi assuré Agnelli, qui a spécifiquement ciblé les marchés américain, chinois et du sud-est asiatique.
"Accélérateur de croissance"
Parmi les effets immédiats de l'arrivée de Ronaldo, il y a celui des ventes de maillots. Lors de l'AG des actionnaires, le nouveau responsable commercial du club, Giorgio Ricci, a ainsi assuré que les ventes avaient "doublé par rapport à la saison dernière, avec un important développement du online".
Sur les marchés étrangers, la Juve profite en effet de l'incomparable popularité de Ronaldo, devenu récemment la personnalité la plus suivie au monde sur Instagram avec plus de 144 millions de "followers".
Partout sauf en Italie, le Portugais est plus suivi que la Juve qui, dans ce secteur aussi, a tout de même directement profité du recrutement de sa star. Depuis son arrivée, le club piémontais est ainsi passé de 49 à plus de 62 millions de followers sur les principaux réseaux sociaux.
Le club avait aussi augmenté considérablement le prix des billets d'entrée au stade (plus de 30% de hausse pour les abonnements) alors que les discussions avec Ronaldo étaient encore secrètes. Les groupes de tifosi ont grondé, mais tout a été vendu et le stade fait le plein à chaque match.
Les partenariats avec l'équipementier Adidas (23 millions d'euros par an) et le sponsor maillot Jeep (16 millions) pourraient aussi être revus à la hausse.
Au total, la cabinet d'audit KPMG, qui qualifie le Portugais d'"accélérateur de croissance", a estimé dans un rapport récent que l'arrivée de Ronaldo pourrait permettre à la Juventus de faire progresser son chiffre d'affaires de 100 millions d'euros pour atteindre les 500 millions "d'ici deux ou trois saisons".
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