En Equipe nationale depuis 2011, Mohamed Diamé réfléchit sur son avenir avec les Lions après une troisième CAN marquée par l’élimination du Sénégal en quart de finale au Gabon, face au Cameroun. Et s’il affirme ne pas avoir pris sa décision, le milieu de Newcastle de 29 ans pourrait faire son choix avant les deux matchs amicaux des Lions en mars face au Nigeria et à la Côte d'Ivoire.
Quel bilan faites-vous de la participation du Sénégal à la CAN ?
C’est un bilan mitigé. Je pense que cette Equipe du Sénégal a montré de belles choses durant cette CAN et il n’y a que la réussite qui manquait. Malheureusement, il y a eu cette défaite (contre le Cameroun).
Vous avez eu l’impression d’être stoppés en plein vol ?
Oui, nous sommes restés sur notre faim comme tout le peuple sénégalais. Tous les gens avaient beaucoup d’espoir et une très belle vision pour cette équipe du Sénégal. Ce qui fait que cela a été un coup derrière la tête de se faire éliminer de la sorte par le Cameroun.
Comment vous avez vécu la défaite et l’élimination ?
Ce fut une grande déception et un coup derrière la tête. Après avoir joué les matchs de poule et vu les autres équipes à l’œuvre, on ne se sentait pas inférieurs aux autres. Honnêtement, on avait beaucoup d’espoir pour aller plus loin dans cette Coupe d’Afrique. Cela a été un moment difficile et ce n’est pas mérité, mais le football est ainsi fait. Il faut se remettre au travail.
«Sil y a quelqu’un qui peut amener la Coupe d’Afrique au Sénégal, c’est bien Sadio Mané»
Quelle était l’ambiance à l’hôtel au soir de la défaite et dans quel état était Sadio Mané ?
C’était le silence total, une grande déception. Je ne dirais pas que c’était comme s’il y avait un décès dans la famille, c’en n’était pas loin. Il y a une tristesse et un mal profond qui s’installent et c’est difficile. Ce sont des moments difficiles à vivre dans la carrière d’un footballeur. Il faut se relever mais ce sont des moments difficiles à vivre. Sadio a passé une nuit très difficile. Il est notre homme à tout faire. Je lui ai dit qu’il est encore très jeune et que s’il y a quelqu’un qui peut amener la Coupe d’Afrique au Sénégal, c’est bien lui. Il doit s’en servir comme source de motivation pour amener cette CAN au Sénégal et cette qualification à la Coupe du monde.
Après deux éliminations aux éditions précédentes, est-ce que vous vous disiez que c’était l’occasion de frapper un grand coup ?
Bien sûr ! On avait un bon feeling et on se sentait très bien après les matchs de poule. On a senti une équipe du Sénégal qui était très ambitieuse et avait toutes les armes en main pour aller loin. Et sortir de cette manière, sur des pénaltys, ce fut une grande déception. Et pour être honnête, même en allant à la série des tirs au but, je pensais qu’on allait gagner, tellement il y avait un bon feeling, les choses étaient bien structurées et tout était bien organisé pour que tout aille bien.
Parmi ces trois éliminations, quelle a été la plus difficile pour vous ?
Je dirais celle de 2017, parce que c’est là où on a été le plus proche. Mais celle de 2012 a aussi été très dure, parce que c’était ma première. Jusqu’à présent, je n’arrive pas à comprendre comment on a été éliminé après avoir perdu trois matchs. Après cette élimination, je me disais que j’allais pouvoir en jouer d’autres et atteindre cet objectif. Mais là, c’est encore plus dur, parce que je sentais que c’était peut-être ma dernière et peut-être pas. C’est difficile à avaler. Quand tu commences la compétition avec autant d’espoir, que les choses vont dans le bon sens et que te as l’impression que tout est de ton côté, mais quand les choses tournent en une seule seconde aux pénaltys, c’est dur à avaler.
Mais pour y arriver, qu’est-ce qu’il faut de plus au Sénégal ?
Il nous faut ce brin de réussite parce que l’équipe a bien travaillé et on avait toutes les armes. On avait un groupe très exigeant et le coach avait réussi à installer quelque chose de très fort dans l’équipe. Franchement, j’ai beau chercher, mais je n’arrive pas à trouver quelque chose dont on aurait pu mieux faire pour avoir cette CAN. Dans les secteurs, tout était bien ficelé et notre espoir était énorme, mais il nous a manqué ce brin de réussite. Il n’y a aucune raison pour que le Sénégal ne gagne pas la Coupe d’Afrique. Cela arrivera, j’en suis persuadé. Il y a des équipes bien moins fortes que le Sénégal qui l’ont gagnée et pourquoi pas nous.
Mais qu’est-ce qui n’a pas marché en quart de finale face au Cameroun ?
C’est compliqué à dire. Le Cameroun a bien joué son match et je pense qu’ils étaient préparés à cela. Après, c’est le football. Je pense qu’on aurait pu marquer sur une occasion, mais on n’a pas démérité, si on a fait un match nul, zéro à zéro. Le Sénégal a montré de belles choses sur ce match, même si on n’a pas eu l’occasion qu’on avait durant les matchs de poule. Nous avons produit du jeu et avons essayé de trouver les solutions face à une équipe du Cameroun bien regroupée et qui avait préparé le match de cette manière. Les pénaltys, c’est quelque chose où il faut avoir de la réussite et elle était du côté du Cameroun.
Beaucoup de gens estiment que le Sénégal se fait éliminer, parce que l’équipe manque encore l’esprit de compétiteur. Vous en pensez quoi ?
Je ne suis pas d’accord. Cette équipe est très compétitive et avait envie d’aller loin. On a été des compétiteurs du début jusqu’à la fin. Cet esprit de compétiteur, c’est l’une des premières choses que le coach a inculqué dans le groupe. A l’entraînement, tout le monde voulait gagner et tous les gens qui étaient autour de l’équipe le savent. Cela fait mal d’avoir beaucoup travaillé et ne pas avoir récolté les fruits.
Personnellement, comment jugez-vous votre CAN après avoir joué seulement une titularisation face à l’Algérie ?
Je préfère retenir le bilan collectif. On était vraiment une équipe solidaire et il y avait une très bonne ambiance au sein du groupe. Sur le plan personnel, comme tout joueur, c’est sûr que j’aurais aimé jouer beaucoup plus. Mais en tant que professionnel, je sais quand je mérite d’être titulaire et quand je ne le mérite pas. Et dans la préparation de cette CAN, je savais qu’il y avait des joueurs qui étaient beaucoup plus en forme que moi. Ils méritaient pleinement de jouer et je pense que cela a réussi, parce qu’on a montré de belles choses et l’équipe était bien ficelée. On s’est fait éliminer sur un détail.
La qualification à la Coupe du monde devient-elle impérative pour garder cette dynamique ?
Ce n’est pas maintenant. Je pense qu’il a toujours fallu impérativement une qualification à la Coupe du monde. Même si on avait cette CAN, on aurait impérativement envie d’aller à la Coupe du monde qui reste un objectif. Et à chaque fois qu’il y a des qualifications, le Sénégal doit impérativement y aller et je pense que cette élimination contre le Cameroun ne change pas grand-chose à ce niveau.
«Je prendrai ma décision avant mars»
Et après trois CAN, est-ce que vous comptez rester encore longtemps en Equipe nationale ?
Pour être honnête, c’est une question que je me pose encore. J’en ai parlé avec des proches et je n’ai pas encore pris ma décision, mais c’est fort possible que je me retire. On verra.
Vous allez donc vous décider avant les prochains matchs amicaux de mars (contre le Nigéria et le Maroc) ?
Oui, ce sera avant ces matchs de mars. Je suis en train de parler avec mes proches pour prendre la bonne décision et on verra. Mais c’est fort probable que j’arrête avec la sélection.
Et si vous arrivez à prendre une telle décision, quelles seraient les motivations de ce choix ?
Tout simplement que je pense que l’équipe a une bonne dynamique. C’est juste une question personnelle, d’être prêt à arriver jusqu’à cette prochaine Coupe du monde (2018) et cette prochaine Coupe d’Afrique (2019). C’est pour ne pas commencer les choses et ne pas les terminer. Si je commence quelque chose, j’aimerais aller jusqu’au bout. Si je m’engage, c’est pour aller jusqu’au bout. Je ne veux pas commencer les qualifications pour la CAN et la Coupe du monde et après, laisser l’équipe en plein milieu des qualifications. Je pense que cette équipe a une organisation cohérente, le projet est en place depuis bien longtemps et il faut que tout le monde soit honnête et cohérent envers le projet.
«Aliou Cissé m’a toujours soutenu»
Est-ce que vous en avez parlé au sélectionneur national ?
Je n’en ai pas encore, personnellement, parlé avec le coach. Je sais l’affection qu’il a pour moi et que si je lui en parle, il me dira probablement de continuer. Donc, je veux absolument que ce soit ma propre décision. Mais je le remercie pour tout le soutien et la confiance qu’il a eus en moi pendant toutes ces années. C’est vrai que cette aventure aux Jeux olympiques a fondé quelque chose avec ce groupe et toute cette génération où il y a des joueurs qui évoluent maintenant avec l’Equipe A du Sénégal. Je sais que j’ai toujours eu son soutien et c’est un coach qui a beaucoup compté sur moi. Même quand j’avais de mauvaises prestations, il m’a toujours soutenu. Je n’oublie pas cela et je l’en remercie. Mais comme je l’ai dit, je n’ai pas encore pris ma décision.
Comment jugez-vous la CAN des jeunes, comme Diao Baldé, Ismaïla Sarr et Pape Alioune Ndiaye ?
Diao Baldé a fait une très grande CAN. C’est un joueur impressionnant qui, par sa jeunesse, prend des responsabilités et je pense qu’il sera un très grand dans le futur. Ismaïla a aussi fait de très bonnes rentrées. Pape Alioune, dès le début de la préparation, on a vu son envie et son ambition dans cette équipe. Il a mérite de débuter et a fait une très bonne CAN. Ce sont des joueurs très talentueux et cette équipe doit juste continuer à travailler et avoir de la réussite.
En club, quelles sont vos ambitions avec Newcastle qui est leader du Championship ?
L’objectif depuis le début de saison est de retrouver la Premier League. C’est un championnat très dur et il faut qu’on reste concentré jusqu’à la fin. Nous avons un groupe de qualité qui va nous permettre d’atteindre cet objectif. J’apprends chaque jour avec Rafael Benítez qui a connu le très haut niveau. Et savoir qu’il a travaillé avec de très grands joueurs, cela donne envie de l’écouter quand il parle. Je savais pourquoi j’avais pris la décision d’aller dans ce club. Mon choix était très réfléchi et pour l’instant, tout se passe très bien et j’espère que cela va continuer. Incha’Allah, j’espère qu’on jouera la saison prochaine en Premier League et faire plaisir à mes proches.
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